12/03/2013

Un Nouvel An au Printemps : Norouz

Le 20 mars à 12 heures 1 minute et 55 secondes (merci Ârash & Roxana!) les Iraniens, les Kurdes, les Afghans, les Turkmènes, les Tadjiks, les Azéris, les Indiens, les Ouzbeks, les Ouïghours etc. sauteront à pieds joints dans la nouvelle année... 1392.
Nommée Norouz , "le nouveau jour", par les Iraniens, cette fête vieille de 3000 ans - au moins - est inscrite au Patrimoine Culturel Immatériel de l'Humanité de l'Unesco depuis 2009. 
Norouz est une tradition extrêmement dense empreinte d'Histoire, de rites et de symboles mais c'est avant tout une grande et belle fête qui célèbre le renouveau. Quoi de plus logique donc qu'elle se célèbre à l'heure exacte de l'équinoxe de printemps.


Bref tout cela pour vous dire que Norouz c'est un peu autre chose que les bisous sous le gui aux 12 coups de minuit. C'est une superbe tradition savante et populaire qui a traversé les siècles et les époques pour arriver jusqu'à nous et cela me fascine.
Néanmoins, je ne vais pas me lancer dans un cours d'histoire de Norouz. Non, vraiment, n'insistez pas. En revanche, je vous propose une petite visite guidée des événements qui structurent le festival de Norouz en Iran. Promis vous ne serez pas déçus et je parie même que l'année prochaine vous aussi vous fêterez Norouz.

Khoune Tekouni, le GRAND ménage de printemps. 
On lave, on lessive, on chasse la poussière, on brique, on astique, on aspire, on trie, on vide, on repeint. Faut q'ça brille! L'objectif: débarasser la maison de tous les mauvais souvenirs accumulés au cours de l'année qui s'achève.
On en profite également pour renouveler la garde-robe des enfants. Les nouveaux vêtements seront portés au moment du sâl tahvil (voir plus bas).

Tchar-chambeh souri , la fête du feu.
Elle se celèbre le soir du dernier mardi avant Norouz. C'est à dire ce soir! 
Pour vous donner une idée de l'ambiance de cette fête, jetez donc un oeil à l'excellent film d'Asghar Farhadi : La fête du feu (titre original: Tchar-chambeh souri) .
On saute par-dessus de petits feux allumés dans la rue en criant "Zardi ye man az to, Sorkhi ye to az man" (littéralement : "prends ma couleur jaune et donne-moi ta couleur rouge". Ce qui sous-entend: "prends ma pâleur et donne-moi ta force")

Sofreh-ye Haft Sin, la nappe des sept "S". 
Deux ou trois jours avant le sâl tahvil (voir plus bas), on dispose chez soi, sur une nappe, sept objets commencant par la lettre iranienne "sin" س ) parmi les suivants:

sabzi, les lentilles germées symbole du renouveau
sir, l'ail symbole de la médecine
samanu, la pâte de blé symbole de l' abondance
sombol, la jacinthe symbole du printemps
serkeh, le vinaigre symbole de la sagesse
somagh, le sumac symbole de la couleur rouge du soleil couchant
sib, la pomme symbole de la beauté
sendjed, les jujubes symbole de l'amour
sekkeh, les pièces de monnaie symbole de la richesse


On y ajoute: 


une orange dans de l'eau qui représente la terre flottant dans l'espace
des poissons rouges, symbole de la vie
des oeufs peints, symbole de la fertilité. On en présente autant que de membre de la famille.
un recueil de poesie (le Divan de Hafez ou le Livre des Rois de Ferdowsi)
des bougies
un miroir
des gâteaux que l'on offrira aux visiteurs tout au long des festivités.



Sâl tahvil, le changement d'année.     
A l'heure exacte de l'equinoxe de printemps,  toute la famille se retrouve autour du sofreh-ye haft sin pour acceuillir la nouvelle année.
Les parents donnent des étrennes à leurs enfants. 
C'est ce jour-là que l'on partage le repas traditionnel de Norouz : Le sabzi polo mahi (poisson accompagné de riz aux herbes), le reshté polo (riz aux vermicelles), le koukou sabzi et la salade chirazi. 

Eid Didani, les visites du nouvel an.
On rend visite à sa famille et à ses amis, on offre des cadeaux aux enfants des uns et des autres, on partage des fruits, des gâteaux, des fruits secs et du thé.

Sizdeh bedar, le pique-nique du treizième jour.
Le treizième jour après Norouz, il faut absolument quitter la maison et passer la journée dehors, dans la nature. C'est l'occasion d'un pique-nique à la fin duquel on se débarrasse des sabzi, qui ont absorbé toutes les mauvaises ondes encore présentes dans le foyer, en les jetant dans un cours d'eau.

Pour les Parisiens, cette année le Théâtre de la Ville organise le 23 et 24 mars un Week-End Norouz. Parmi les invités : Houmayoun Sakhi, virtuose afghan du rubab (je me damnerais pour aller l'écouter si seulement j'avais le temps!) et  Nahal Tajadod et Jean-Claude Carrière qui nous offriront une lecture bilingue (persan/français) du sublime conte soufi de Farid al-Din Attar La Conférence des oiseaux (un autre moment magnifique en perspective).

A suivre...

2 commentaires:

  1. Salam Caroline djoon :)

    Je suis franco-iranienne et j'adore ton blog que je suis depuis avant bébé djoon. Ce petit message est donc pour te remercier de transmettre les délicieuses recettes de mon pays et de te prévenir que l'équinoxe du printemps de cette année n'est pas à 11 heures mais à 12 heures et 1 minute et 56 secondes ! Voici un lien avec un compte à rebours et l'heure exacte dans toutes les grandes villes :

    http://www.7seen.com/

    Ghorbanat,

    Roxana

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Roxana ye aziz,
      Ton commentaire me touche vraiment. Cela fait plaisir de faire plaisir! Merci pour ta correction concernant l'heure de l'équinoxe, tu as absolument raison. Je viens de rectifier l'article. Je suis complètement à l'ouest ces temps-ci... peut être que si ce cheytoun de Bébé Djoon me laissait dormir plus de 4 heures par nuit je serais moins décalée!!!
      Ghorbanat,

      Supprimer